La cueillette : comprendre, respecter, conserver

La cueillette fait partie des gestes les plus simples et pourtant des plus techniques du verger. Elle marque l’aboutissement d’une saison de croissance : l’arbre a fleuri, fructifié, nourri ses rameaux, et le jardinier vient enfin cueillir ce qu’il a patiemment accompagné. Pour réussir sa récolte et préserver la qualité des fruits, comme la santé de l’arbre, il est essentiel de connaître le bon moment, le bon geste, et le bon matériel.

Le bon moment pour cueillir

La maturité d’un fruit ne correspond pas toujours à son apparence : tout dépend de l’espèce, de la variété et de son mode de maturation.

Fruits à noyau

(abricots, pêches, nectarines, prunes, cerises)
Ils doivent être cueillis à maturité gustative, c’est-à-dire lorsqu’ils sont prêts à être consommés immédiatement ou très rapidement.
Un fruit à noyau ne mûrit presque pas après la récolte :

• les abricots présentent une légère souplesse et un parfum marqué,
• les pêches et nectarines s’adoucissent au toucher,
• les prunes se détachent facilement,
• les cerises doivent être fermes, brillantes, et cueillies avec leur pédoncule intact.

Fruits à pépins (pommes, poires, coings)

Ils peuvent être cueillis à maturité physiologique, car ils poursuivent leur évolution après la récolte. Cela permet d’obtenir de meilleurs fruits en bouche et une meilleure conservation.

Pour déterminer le bon stade, on utilise trois critères techniques.

Les 3 indicateurs de maturité des fruits à pépins

1. La régression de l’amidon (test à l’iode)

Au début du développement, la chair d’une pomme ou d’une poire contient beaucoup d’amidon.
À mesure que le fruit mûrit, l’amidon se transforme en sucres.

• En pulvérisant une solution iodée sur une tranche de fruit, l’amidon se colore en noir.
• Plus l’amidon est faible, plus la maturité est avancée.
  Ce test est très utilisé dans les vergers professionnels.

2. Le pénétromètre

Cet outil mesure la fermeté de la chair (le plus souvent utilisé pour les poires).

• Une forte pression signifie un fruit encore trop ferme.
• Une résistance faible indique un fruit bien avancé, souvent prêt à récolter.

Chaque variété a sa plage idéale, mais cela suppose que l’on dispose pour chaque variété d’une échelle de référence (par ex. les reinettes ne se cueillent pas à la même fermeté que les Golden).

3. Le réfractomètre

Il mesure le taux de sucres dans le jus (degrés Brix).

• Plus le Brix est élevé, plus le fruit est sucré et physiologiquement mûr.
  Le réfractomètre est simple d’utilisation : quelques gouttes de jus suffisent.

Les bons gestes du cueilleur

Chaque fruit se cueille différemment pour préserver sa qualité et ne pas abîmer l’arbre.

Abricots, pêches, nectarines

• Toujours à la main.
• Prendre le fruit dans la paume, soutenir délicatement, soulever légèrement.
• Pour les pêches : éviter toute pression des doigts qui abîme la peau.

Prunes

• Un geste roulé-tourné, très léger.
• Le fruit doit venir sans tirer.

Cerises

• Indispensable : garder le pédoncule, surtout pour la conservation.
• Pincer entre pouce et index, basculer vers le haut.

Pommes et poires

• Saisir le fruit avec la paume.
• Lever en pivotant légèrement : le pédoncule doit casser proprement à son point naturel.
• Ne jamais tirer : cela arrache les dards et les bourgeons de l’année suivante.

Le matériel de cueillette indispensable

Sac ou bac ventral : parfait pour garder les mains libres. Le bac ventral permet de déposer les fruits sans les choquer.

Échelle à verger : stable, légère, souvent à trois pieds. Indispensable pour les hautes tiges.

Cueille-fruit : utile pour atteindre les fruits en hauteur sans monter trop haut. Choisir un modèle avec filet et arceau mousse pour limiter les chutes.

Cageots ou caissettes propres et sèches :

• Toujours propres pour éviter les contaminations fongiques.
• Aux dimensions uniformes, facilement empilages et peu profond
• Empiler les fruits en une seule couche pour les espèces fragiles (abricots, prunes, cerises).
• Pour les pommes/poires : deux couches maximum, séparées par un carton.

Brouette : pour transporter les cageots jusquPermet de regrouper la récolte sans chocs.
Une brouette à pneus larges limite le tassement du sol dans le verger.

Stockage des fruits de garde

Certaines pommes et poires se conservent plusieurs mois, parfois jusqu’en juin de l’année suivante. Pour une bonne conservation :

• Récolter par temps sec, l’humidité favorise les pourritures.
• Manipuler les fruits délicatement, un petit choc peut devenir une tache de pourriture au bout de quelques semaines.
• Stocker uniquement les fruits parfaitement sains et sec, sans piqûre, ni ver ou d’amorce de pourriture.
• Stocker en lieu adapté : dans un endroit frais, idéalement entre 0 et 6°C, avec une hygrométrie élevée de 85 à 95 % pour éviter leur dessèchement. Le local doit être bien aéré, car une atmosphère confinée accélère les pourritures. L’obscurité limite le vieillissement des fruits.
• Surveiller régulièrement : il est indispensable de contrôler fréquemment l’état de la récolte, car un seul fruit abîmé peut contaminer l’ensemble du cageot.

Dégustez et utilisez vos fruits lorsqu’ils sont mûrs, sans attendre qu’il ne soit trop tard.

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